CHRONOLOGIE DE LA RÉVOLUTION NOIRE DE SAINT-DOMINGUE (Pierre Pluchon)

1492 Colomb découvre Haïti, qui devient Hispaniola, puis Saint-Domingue.
XVIe siècle Les Français dans la mer des Antilles.
Échecs français au Canada, au Brésil, et en Floride.
XVIIe siècle Les Français s'établissent en Guyane après nombre de difficultés et de revers.
1625 Français et Anglais se partagent la possession de l'île de Saint-Christophe, qui sera le foyer de la colonisation française dans la mer des Antilles.
1635 Les Français prennent possession de la Guadeloupe et de la Martinique.
1640 À l'appel des Français de la Tortue, Poincy, gouverneur des îles françaises de l'Amérique, envoie des secours et, l'année suivante, déclare cette île — juridiquement espagnole — possession du roi Louis XIII.
1664 Bertrand d'Ogeron, premier gouverneur pour le roi de la Tortue et Coste de Saint-Domingue, en violation de la souveraineté espagnole.
1670-1671 Première sédition des Français de Saint-Domingue.
1678 Le traité de Nimègue donne un droit à la France sur la partie occidentale de Saint-Domingue.
1697 Traité de Ryswick, où l'Espagne abandonne solennellement la partie occidentale de Saint-Domingue, et les îles adjacentes, à la France.
XVIIIe siècle Saint-Domingue abandonne la culture du tabac, perpétue celle de l'indigo et devient le premier producteur mondial de sucre et de café, tout en développant sa production de coton.
1722-1723 Deuxième sédition des Blancs de Saint-Domingue.
1743 Naissance de Toussaint — selon la tradition — à proximité du Cap-Français, sur la plantation Bréda, sucrerie appartenant au comte de Noé.
1758 20 janvier : Supplice, au Cap-Français, du sorcier vaudou Macandal, chef d'une bande d'esclaves de fugitifs qui avait semé l'effroi dans le nord de Saint-Domingue pendant un an, en disant qu'il voulait tuer tous les Blancs.
1760 Soulèvement de Noirs à la Jamaïque.
1768-1769 Troisième sédition des Blancs de Saint-Domingue.
1772 Soulèvement de Noirs à la colonie hollandaise de Surinam.
1776 4 juillet : les Treize Colonies se déclarent indépendantes de la Couronne anglaise et prennent l'appellation d'États-Unis d'Amérique. Affranchissement de Toussaint, qui va bientôt devenir maître de terres et d'esclaves.
1777 Déclaration du roi interdisant l'entrée de la France aux nègres, mulâtres et gens de couleur libres (texte partiellement appliqué).
1778 Interdiction des mariages inter-raciaux en France (mesure à peu près inappliquée).
1783 Traité de Versailles mettant fin à la guerre d'Amérique et recon-
naissant l'indépendance des Etats-Unis.
1784 Julien Raimond, quarteron libre du sud de Saint-Domingue, remet
au gouverneur général de Bellecombe, défenseur de Pondichéry en
1778, un mémoire contre le préjugé de couleur et en faveur de
l'égalité des droits avec les Blancs. L'année suivante, il fait parvenir
un placet de même inspiration au maréchal de Castries, secrétaire
d'État de la Marine.

1787 17 septembre : les États-Unis d'Amérique se donnent une constitution démocratique et fédérale.
1788 18 février : formation, de la Société des amis des Noirs, pour « l'abolition de la traite et de l'esclavage des nègres », au sein de laquelle figurent notamment : Brissot de Warville, le banquier suisse Clavière, Mirabeau, Condorcet, La Fayette, etc. Le quarteron Julien Raimond, l'un des chefs des gens de couleur libres, adhérera à la Société au mois de décembre 1789.
31 mai: «Lettre des colons résidant à Saint-Domingue» où certains grands propriétaires de l'île, vivant en France — dont le marquis de Gouy d'Arsy — demandent au souverain que Saint-Domingue soit représentée aux États généraux et soit dotée d'un gouvernement local étayé par des assemblées.
15 juillet : à l'initiative de Gouy d'Arsy et de Moreau de Saint-Méry, neuf grands propriétaires de Saint-Domingue résidant en France et souhaitant représenter la colonie aux États Généraux se forment en Comité des colons de Saint-Domingue ou Comité colonial. Ces commissaires demandent aux Domingois de ratifier leur nomination à la représentation de l'île aux États Généraux.
8 août : les États Généraux sont convoqués pour le 5 mai 1789 à Versailles, à l'exclusion des colonies.
août : à la demande de Gouy d'Arsy et du Comité colonial, un Comité provincial du Nord de Saint-Domingue se constitue officieusèment. Il se réunit officiellement le 27 janvier 1789, tandis que ceux de l'ouest et du sud le font les 25 janvier et 9 mars 1789. Ces assemblées provinciales élisent, pendant le premier trimestre de
1789, une députation de 37 membres où figurent 8 des 9 membres
du Comité colonial de France. Ces comités prendront l'appellation d'Assemblées provinciales, d'où les gens de couleur libres sont exclus.
26 décembre : à l'occasion de la convocation des États Généraux, les chefs de Saint-Domingue invitent les colons à leur exposer leurs
requêtes par lettres à la condition de ne pas porter plus de cinq
signatures, mais interdisent la réunion de toute assemblée illicite.
Les Blancs ne tiendront pas compte de cette dernière prohibition et
désigneront trois Assemblées provinciales (nord, ouest, sud) et une
Assemblée coloniale.

1789 27 janvier : « Cahier de doléances de la colonie de Saint-Domingue, à présenter au Roi dans l'Assemblée des États Généraux de la Nation, par MM. les Députés de cette Colonie », où les colons exposent leurs revendications autonomistes. Ce Cahier, ainsi que le « Plan proposé [toujours le 27 janvier] par la Colonie pour la formation des Assemblées coloniales, Assemblées provinciales et de comités intermédiaires permanents tant dans la Colonie qu'à Paris », sont tous deux l'œuvre du Comité du Nord.
15 mars : François Raimond, quarteron libre comme son frère Julien, demande aux chefs de Saint-Domingue, qu'à l'égal des Blancs, les gens de couleur libres de la Grande île disposent d'une représentation aux États Généraux.
5 mai : ouverture des États Généraux. Dans les jours qui suivent, Brissot leur envoie une lettre où il leur demande d'abroger la traite des Nègres.
17 juin : le Tiers se constitue en Assemblée nationale.
20 juin : l'Assemblée nationale admet dans ses rangs 9 « députés » de Saint-Domingue, à la tête desquels figure le marquis de Gouy d'Arsy. Cette « représentation » sera réduite à 6 membres, le 4 juillet suivant.
7 juillet : l'Assemblée nationale s'érige en Assemblée nationale constituante.
14 juillet : prise de la Bastille.
17 juillet : le Martiniquais Moreau de Saint-Méry, ancien membre du Conseil supérieur du Cap-Français, devenu président de l'Assemblée des électeurs de Paris, et Bailly, maire de Paris, accueillent Louis XVI dans la capitale et le haranguent.
Juillet-août : Grande Peur et insurrections paysannes dans plusieurs provinces françaises.
20 août : des propriétaires de Saint-Domingue résidant en France, nobles et roturiers, « traditionalistes réformateurs », se forment, à Paris, en « Société correspondante des colons français », communément appelée Club Massiac, du nom de l'hôtel où elle se réunit. Ces hommes, hostiles à toute représentation des colonies à l'Assemblée nationale, souhaitent traiter des affaires coloniales, directement avec le ministère, et dans la discrétion.
26 août : l'Assemblée nationale adopte la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui ne fait aucune allusion aux esclaves des colonies. Julien Raimond présente les revendications des gens de couleur libres de Saint-Domingue aux planteurs du club Massiac. Les 7 et 9 septembre, Ogé, puis Dejoly, au nom de l'Assemblée des gens de couleur l'imitent tout aussi vainement.
29 août : fondation d'une Assemblée des citoyens de couleur des îles et colonies françaises, qui deviendra la Société des colons américains, le 12 septembre suivant.
3 au 22 septembre : élaboration et adoption, à Paris, d'un cahier de 27 articles, « contenant les plaintes, doléances et réclamations des citoyens libres et propriétaires de couleur, des îles et colonies françaises ».

 

 

 

 

 

 

© Copyright 2001 - 2011 Helene & Alex Rimbert les.traitesnegrieres.free.fr