Les Nairac

Entre 1672 et 1837, près de 500 expéditions négrières partent de Bordeaux. Un négoce fructueux et la garantie d'une ascension sociale pour certaines familles, dont Paul Nairac & Fils Aîné

(Pierre-Paul et Elisée associés), Alexandre Nairac, Pierre Nairac & Fils (aîné). Durant les vingt-huit années où la traite fut possible de 1764 à 1792, les Nairac ont monté avec une régularité jamais atteinte à Bordeaux, 24 expéditions dont 18 déportèrent plus de 8000 Noirs. La maison Paul Nairac & Fils Aîné fut de loin la plus active: ses expéditions négrières représentent près de 30 % de toutes celles réalisées pour les colonies depuis 1750. Il faut rappeler cependant qu'ij ne reste rien de ses comptes d'armement: il est donc impossible de connaître ni même d'évaluer le montant des bénéfices négriers. Ils ne furent pourtant pas anodins si l'on se réfère à la situation de Paul Nairac avant la guerre d'Indépendance. De 1764 à 1778, l'armateur expédie sur les côtes d'Afrique 14 navires - dix d'entre eux traitèrent au moins 4189 Noirs, et tous effectuèrent leur rotation complète à l'exception du dernier, Le Nairac, pris par les Anglais en 1778. Nul doute que les gains que Paul Nairac réalisa grâce à la vente de ces milliers de Noirs lui permirent d'édifier l'hôtel qui porte encore son nom au 17 du cours de Verdun. En août 1774, Paul Nairac acquiert le terrain pour 33 000 livres et, en janvier 1775, l'architecte parisien Victor Louis lui remet les plans de l'hôtel dont la construction est confiée à l'entreprise des Laclotte. Le chantier prend fin avant août 1777. L'ensemble coûte environ 200000 livres. Par ailleurs, cette même année, le frère cadet de Paul, Elisée, acquiert à Barsac un domaine viticole sur lequel il fait construire une nouvelle et élégante demeure connue aujourd'hui sous le nom de château Nairac. Enfin, toujours en 1777, la maison Paul Nairac & Fils Aîné est la plus imposée de Bordeaux avec une capitation s'élevant à 600 livres, et même à près de 700 livres si l'on ajoute la capitation payée au titre de raffineur: Paul Nairac possède, en effet, avec sa belle-sœur (la veuve de Pierre Nairac), deux raffineries [de sucre], quartier Sainte-Croix.
Mais le cas exceptionnel des Nairac ne doit pas masquer la situation générale des armateurs négriers bordelais qui font pâle figure auprès de leurs homologues nantais.


D'après Eric Saugera
Historia thematique novembre-decembre2002

 

 

 

 

 

 

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