Le Soudan se vide de sa population Pour relancer la déportation, il suffit de quelques provocations, et les Noirs, vite révoltés, sont « châtiés ». Le Soudan se vide de sa population. Les chiffres sont effrayants. Trois cent cinquante mille Noirs y disparaissent chaque année! Certains peuples vont fondre littéralement dans
la tourmente. Ainsi les Gallas, qui habitent entre l'Abyssinie et l'équateur.
Ils sont si pauvres que certains vendent d'eux-mêmes leurs enfants
aux marchands venus du nord, qui sont pour beaucoup des Abyssins musulmans,
les Djibertis. En pays galla, de nouvelles caravanes négrières
se forment sans cesse. Elles doivent traverser l'Abyssinie, mais le négus
a interdit la traite sur son territoire. Ses douaniers chrétiens
ne plaisantent pas avec les contrebandiers islamiques : tous ceux qui
passent en fraude des esclaves ont le poignet tranché. Les esclavagistes
égyptiens sont obligés d'organiser une véritable
« route souterraine » de la traite. Les caravanes voyagent
la nuit; pendant la journée, les esclaves sont cachés dans
les sous-bois ou dans les grottes. Entre Gondar, au cœur du massif
éthiopien, et Gallabat2, à la frontière du Soudan,
la route n'en est pas moins considérée comme particulièrement
dangereuse par les négriers musulmans. Puis c'est l'arrivée
à Gédaref, chef-lieu de l'Est soudanais, et l'éclatement
vers Khartoum ou vers Assouan. Certains convois se dirigent sur le port
de Massaouah, d'où les Noirs continuent leur tragique voyage par
mer. Jean Mabire - la Traite des Noirs éditions de l'Ancre de marine |
|
||
|
|||