Toute l'Afrique se dépeuple La marche des esclaves va durer des jours, des semaines, des mois : la caravane avance moins vite que le navire négrier d'autrefois. Les Noirs marchent sous les coups de fouet qui cinglent leur dos nu, y creusant des plaies purulentes. Ils sont réunis deux à deux, comme l'a
vu Livingstone, par une double fourche de bois et portent autour du cou
un collier qui leur entre dans les chairs. Parfois, une chaîne réunit
leurs poignets et leurs chevilles à ce collier de misère.
Les enfants au sein sont enchaînés à leur mère.
Certains sont morts depuis plusieurs jours quand un des gardes du convoi
se décide à tuer la malheureuse mère, elle-même
épuisée, d'un coup de gourdin. Car on économise les
munitions et c'est avec des barres de bois que sont achevés les
traînards. Tout ce qui ne peut pas suivre le rythme de la marche
est abattu. Bambins et vieillards tombent les premiers, le crâne
fracassé. Ceux qui ont de la chance vont mourir aussitôt,
après quelques convulsions. Les autres agoniseront pendant des
heures, ou seront dévorés vivants par les rapaces qui suivent
la caravane. Les vautours et les hyènes accompagnent les esclavagistes.
Ils savent que chaque jour ils trouveront leur nourriture sur le bord
de la piste. Les routes d'Afrique sont jalonnées d'ossements humains
qui tracent sur tout le continent les chemins de la servitude et de la
mort. Jean Mabire - La traite des Noirs - éditions de l'ancre de marine - (107) |
|
||
|
|||