Razzia dans un village

Les marchands d'esclaves s'approchent la nuit des villages endormis.Silencieusement, ils encerclent les huttes couvertes de paille.Puis un cri retentit, les torches s'allument. C'est la ruée! Les Noirs ne possèdent que quelques sagaies. Ils ne peuvent rien contre ces hommes armés de fusils qui les surprennent dans leur sommeil.

Les esclavagistes se débarrassent des défenseurs. A la balle ou au poignard, peu importe. L'essentiel est de faire vite. Il faut paralyser le village par la terreur. Hébétés, les femmes et les enfants sont rassemblés et garrottés.Puis commence la longue chasse à ceux qui ont réussi à s'enfuir. Ils ne sont pas nombreux à avoir gagné le creux des forêts ou le lit des rivières, tremblants, souvent blessés, toujours dévorés par la peur et la faim. Pour les débusquer, les esclavagistes mettent le feu à la savane. Les herbes sont sèches et les flammes s'élèvent vite, dégageant une fumée acre. L'air devient irrespirable, les flammèches voltigent. Les malheureux fuyards doivent sortir de leurs refuges. Des chiens aux crocs redoutables et au pelage sombre, spécialement dressés pour la chasse à l'homme, 'lèvent' les derniers rescapés. Tous les survivants du village sont rassemblés. Les marchands arabes commencent par "faire le tri" et abattent à coups de gourdin sur la nuque les plus faibles. Il ne reste même pas un vieillard pour raconter l'histoire de la mort d'un village.

Jean Mabire - la Traite des Noirs éditions de l'Ancre de marine